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17 avril 2013 3 17 /04 /avril /2013 18:00
         
 

Le gosse étourneau


 
  westende-mer-dunes-08-5-cpf-138.jpg  
         
 

   Les joues rougies par sa course folle, il tombe à genoux sur la sable et, la tête penchée vers l'avant comme s'il cherchait au sol un objet perdu, il reprend difficilement sa respiration. Il se redresse difficilement, épuisé par l'effort, et se retourne lentement pour vérifier si l'objet de sa peur était toujours là. Rassuré, il reprend sa course plus modérément pour rejoindre enfin le jardin de ses parents où il pourra se remettre de ses émotions. Son short en toile de jean garde encore les traces de cette bagarre avec les Bourgalous. Il quitte la plage, s'enfonce dans les dunes et par le chemin de terre qu'il parcours au plus vite, il gagne enfin le portail de sa maison. C'est en tremblant encore un peu qu'il ferme le verrou dérisoire de la porte en bois de récupération qui sépare son jardin de l'extérieur si propice aux rencontres malfaisantes. Il monte vite fait dans la pommier par la corde à nœud que son père à accrocher pour lui dans l'arbre. Il rampe comme à son habitude vers l'embranchement des deux troncs et s’assoit à califourchon pour regarder au loin si ces ennemis l'ont suivis ou pas. Il ne voit que les dunes, la plage et les vaguelettes qui s'échouent lentement comme des langues d'écumes sur le sable. Nulle vision des Bourgalous ou même d'autres enfants de sa classe, ils ont dut regagner leurs cabines de bain au bord de la route de la mer ou suivre leurs parents dans leurs voitures, ceux là même qui râlaient sur eux quand ils le tarabustaient.

Pour se remettre de ses émotions, il attrape la seule pomme digne d'être manger et il la croque sauvagement Au moins, celle-là, les Bourgalous ne l'auront pas ! Le mélange sucre et amer agace ses papilles et lui provoque l'envie subite d'un grand verre d'eau fraîche, il redescend de son arbre en sautant directement depuis son refuge. L’atterrissage n'est pas parfait et ses genoux en souffre un peu, mis ce n'est rien par rapport à l'estafilade sanguinolente de sa cuisse, stigmate de la bataille contre les maudits bandits de sa classe qui le malmène sans arrêt. Il remet ses espadrilles qui se sont éparpillés dans l'herbe lors de son envol et se lance en courant vers la porte de la cuisine pour satisfaire sa soif. Sa mère est là qui l'examine dès son entrée.

   - Où est-ce que t'as été te mettre, encore ?

   - C'est les Bourgalous m'man !

   - Encore et toujours les Bourgalous. Tu n'as que ça à la bouche ! Pauvres petits Bourgalous, on dirait qu'il n'y a plus qu'eux dans ta tête ! Si tu ne les embêtait pas ils te laisserait tranquille.

   - Mais j'te jure !

   - Assez ! Va te débarbouiller ! On dirait un goret.

   Vexé, le jeune incompris obéit tout de même à l'ordre maternel et, seul dans la salle d'eau, il marmonne ses jérémiades habituelles en passant le gant de toilette sur sa peau tannée par le soleil et le sel marin. Si seulement il avait un grand frère comme les Bourgalous, ils verraient ce que c'est que de se faire tabasser sans pouvoir répondre. Avec un grand frère, il pourrait aussi jouer au ballon sans avoir à fréquenter ces abrutis. Avec un grand frère, il aurait quelqu'un à qui raconter tous ses malheurs et qu'il le croit, voire qu'il le console. Il profite qu'il est devant le lavabo pour étancher sa soif aux creux de ses mains, en se penchant sur le coté, il aperçoit au travers du fenestrons de la salle d'eau l'envol d'une volée d'étourneaux. Si il était comme eux avec ce frère rêvé, unis jusque dans leurs vols, toujours là l'un pour l'autre, il pourrait affronter toutes les vicissitudes de sa vie d'enfant.

 
 

   Sans plus attendre, il quitte la salle d'eau, la maison, le jardin et il se précipite vers la nuée de petits oiseaux qui ont tournoyer sur le verger puis sur les dunes pour finalement se poser au rang d'oignon sur les fils barbelés limitant l’accès à la plage aux visiteurs qui viennent de la grand-route. Allongé a moitié dans le sable les jeunes pieds de tamaris, il épie ces symboles de liberté posés là devant ses yeux, sans plus se soucier de lui ou d'une quelconque menace. Il rampe doucement pour se trouver au plus proche possible de ses nouveaux amis, les blessures de ses jambes ne le perturbe plus et il n'est plus qu'à une dizaine de mètres des oiseaux qu'ils s'envolent d'un seul élan. Les bruissements d'ailes, les pépiements stridents, rien ne l'effraie, debout au milieu des tamaris, il contemple cette farandole qui tournoie autour de lui sans jamais l’atteindre. Un grand sourire éclaire sans visage, il lève les bras au ciel comme s'il voulait étreindre les étourneaux, comme si il était partie prenante de cet envol, comme si la vie n'était plus que liberté, joie et solidarité. Les oiseaux planent encore quelques instants et reviennent se poser sagement sur leurs fils barbelés, certains semblent regardés ce gosse qui leurs sourit. Il a envie de leur dire combien il est heureux de les avoir rencontrés, il voudrait pouvoir se joindre à eux sur le fil. Il ne rend compte que s'il était plus petit, il serait plus fort... s'il était accompagné de ses compagnons.

   Ah ! Maintenant ils peuvent venir les Bourgalous !

  Etouneaux.jpg
 
         
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commentaires

F
<br /> Bonjour papounet, que sont les bourgalous ?<br /> <br /> <br /> Gros bisous, Flo<br />
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F
<br /> <br /> Coucou mon ange !<br /> <br /> <br /> Les Bourgalous, ce sont juste une invention de mon esprit tordu !<br /> <br /> <br /> Cette sorte de gosses qui nous ont persécuter enfants !<br /> <br /> <br /> Juste une histoire de gosse !!!<br /> <br /> <br /> En parlant d'enfant... J'aimerais bien en savoir plus ce que tu m'as annoncé avant-hier !<br /> <br /> <br /> Si tu t'en sens le courage et l'envie, tu pourrais m'écrire tout cela par mail ?<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> En attendant, prend bien soin de toi mon coeur !<br /> <br /> <br /> Je t'embrasse tendrement...<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Ton Papounet.<br /> <br /> <br /> <br />