LA VIE D'AILLEURS | ||||
L’œil rivé sur la lunette de son télescope braqué sur les anneaux de Saturne, le Professeur Marmotan marmonna en bidouillant à l'aveugle les réglages millimétriques de son appareil. - Vous avez ''encore'' toucher à mes réglages ! - Non Monsieur, rétorque son adjoint assis devant son ordinateur au fond de la salle. Vous savez bien que je n'y connais rien à cet engin ! - Justement ! C'est parce-que vous n'y connaîtrez rien que vous avez tout déranger. Je vous ai dit cent fois de ne pas toucher à ce télescope ! En haussant les épaules, l'adjoint blasé par ces reproches injustifiés mais cependant quotidiens, continue insensible, la mise à jour des données collectés la veille auprès des différents sites gouvernementaux qui avaient bien voulus les aidés à l’élaboration de ce programme quasi-scientifique. Vérifier que la vie a été possible sur Saturne ! Quelle folle idée ! Il se demandait vraiment comment Marmotan avait réussi à convaincre tous ces gens que son projet était fiable et que les futurs résultats pourraient changer la face du monde. Il soupçonnait les diverses instances d'états d'avoir accepter de lui octroyer quelques subsides pour qu'ils lui faite enfin la paix. Gérald avait n'accepter cet emploi que parce-qu'il arrivait en fin de droit et que cela n'avait pas l'air trop difficile. Bien sur ses qualités d'ingénieur-réseau n'était pas vraiment mis en valeur, c'est cela lui permettait de payer son loyer. Et en plus le Professeur Marmotan le faisait sourire avec son air de Nimbus totalement déconnecté du monde. - Gérald ! Vous avez fini avec le CNRS ? - Oui Monsieur, c'est ce que je fais en premier. Mais ce matin, il n'y avait pas grand chose d'intéressant. - Ça mon petit, c'est à moi d'en jurer. Rétorque le professeur sans quitter l’œilleton de sa lunette. - Bien sûr Professeur ! Acquiesce Gérald qui commence tout de même en a avoir marre d'être rabaisser sans arrêt. D'un clic sur son clavier, il lance l'impression de la news-letter du l'Institut National des Sciences de l'Univers qui va monopoliser l'imprimante pendant un petit quart d'heure, cela lui permettant de faire une petite partie de solitaire tranquillement en ayant toutefois l'air de travailler. Une heure plus tard, le professeur a fini d'étudier l'épreuve papier des donnés récoltés par le moteur de recherches bidouiller par Gérald et il décide d'aller demander des explications aux gens de l'INSU sur les inepties qu'il vient de relever. Tout en râlant comme à son habitude, le professeur Marmotan enfile son pardessus élimé et quitte l'observatoire de fortune installé au dernier étage de cet immeuble de Nanterre. Enfin seul, Gérald s'étire pour se détendre un peu, recule sa chaise et pose finalement ses pieds sur sur bureau. Les mains sur la nuque, il ferme les yeux pour pouvoir rêver tout son soûl. Ah ! La vie sur Saturne ! Quelle foutaise cette histoire. Gérald se conterait d'un télescope beaucoup moins puissant pour pouvoir étudié la vie de la jolie fille dans l'immeuble d'en face, qu'il a repérer pendant ses pauses cigarettes. Il l'imagine parfois en petite tenue dans son intérieur devant sa fenêtre ouverte. Bien sur, il n'a jamais aperçu la jeune femme dans une telle tenue et pourtant ce n'est pas faute d'avoir passé le maximum de son temps à épier les rideaux de la belle lorsqu'il se retrouve seul. Une crampe derrière les genoux l'oblige à se lever et il profite de l'occasion pour jeter un œil discret par la fenêtre pour s'assurer que les volets d'en face sont toujours clos. S'il a bien compris les habitudes de la jolie blonde, elle ne devrait pas apparaître avant dix, onze heures. A neuf heures trente elle doit encore dormir ! Gérald se demande quel métier elle peut bien exercer pour pouvoir se lever à ces heures là. Même le dimanche, il n'arrive pas a se lever après neuf heures, il faut dire que sa mère l'a habituer très jeune à ne jamais perdre son temps au lit. Cependant quand il regarde la jeune femme, il aimerait bien gâcher quelques heures de son précieux temps avec elle, à dormir ou a faire d'autres choses. En attendant, il se remet au boulot et pour justifier son salaire, il compile les dernières images du télescope Hubble transmise par l’agence spatiale européenne. Il apprécier dés le début toutes ces photos d'univers lointains pour la part de rêve qu'elles véhiculent. Mais pour lui, son rêve est nettement plus proche ! A l'heure de midi, le professeur n'a pas réapparu et Gérald, après avoir constaté que personne n'est apparu aux fenêtres voisines, décide d'aller manger son sandwich au café d'en-bas. Il ferme soigneusement la porte du bureau et descend s'offrir sa petite heure en terrasse. Il a pris l'habitude quand il fait beau, de s'installer à la terrasse ensoleiller du bar voisin qui s'ouvre donne sur l'avenue. Il mange ainsi en passant son temps à son loisirs favoris, l'observation des gens. Il aime à rester ainsi a regarder évoluer ses contemporains dans leurs vies quotidiennes. Aujourd'hui il s'attarde sur les évolutions acrobatiques d'un jeune garçon qui essaye d'épater sa copine en tentant de faire de la roue arrière avec son VTT, mais sans autant dépasser plus de deux mètres de suite dans son meilleur essai. Le sourire de la jeune adolescente lui faire regretter ses années collèges et son insouciance. En ce mercredi ensoleillé les clients du café en terrasse ont des airs de touristes en villégiature. Collégiens et lycéens sont assis par terre devant les grilles du square d'en face en s'échangeant portables, cigarettes et bons mots. Même les quelques voitures qui passent dans l'avenue ont l'air plus colorés et enjoués sous les rayons du soleil. Gérald finit son jambon-beurre et son demi et commande un café serré pour clore son déjeuner. C'est alors que, de l'immeuble d'en face, sort l'objet de pas mal de fantasme du jeune homme et débouche dans la rue dans sa direction. Gérald se dit qu'il l'inviterait à partager un café avec lui si seulement il en avait le courage. Devançant ses ambitions, la jolie blonde s’assoit elle aussi en terrasse à la table voisine de celle du jeune ingénieur. Elle pose ses lunettes de soleil et fait signe au garçon de café qui visiblement la connaît bien car il la salue d'un pouce levé et part dans le troquet en annonçant : « Un crème et un jus d'orange. » Évidemment, vu l'heure où elle se lève, elle prend son petit-déjeuner à cette heure-là ! Gérald passe la demi-heure qu'il lui reste avant de reprendre le travail, à étudier les moindres gestes de la jolie femme aux allures d'artistes qu'il côtoie par un heureux hasard. Il aime sa façon de touiller son café, la jolie lippe quand elle boit son jus d'orange, le fantastique regard qu'elle pose sur lui sans s'en rendre compte, la légèreté de ces doigts lorsqu'elle allume sa cigarette, la mèche folle de ses cheveux qui s'agite dans le courant d'air, et toutes ces choses qui font qu'il voulait bien en savoir plus sa vie. La voiture noire au coin de la rue lui annonce que son patron sera bientôt là et qu'il ferait mieux de rentrer au bureau. A regret, il se lève et prenant sa courage à deux mains, adresse un « Bonne journée !» à la jeune femme, qui sans pudeur lui répond d'un large sourire et d'un « Merci » qui, pour Gérald, vaut presque autant qu'un « Je t'aime ». Il monte les escaliers quatre-à-quatre en sifflant et arrive juste avant le Professeur Marmotan devant la porte du bureau. - Alors Gérald, il était temps ! A voir votre piètre engouement à revenir au travail, vous ne vous intéressez pas trop à la vie sur Saturne, il me semble. Gérald lui répondrait bien que la vie sur d'autres planètes, il s'en fout, mais il se contente de répondre : - Détrompez-vous, je m’intéresse beaucoup à la vie d'ailleurs. Sans préciser que l'ailleurs est de l'autre coté de la rue ! | ||||
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